Un produit cosmétique vegan dans du plastique n’est pas sans cruauté

Pourquoi un produit cosmétique végan dans un pot en plastique n’est pas sans cruauté ?

• Animaux

Dans l’Union Européenne, les tests cosmétiques sur les animaux sont interdits par le Règlement européen. Alors quand on pense à un produit cosmétique végan, qui pour rappel ne contient pas d’ingrédients d’origine animale, on pense que ce produit est forcément sans cruauté pour les animaux. Mais est-ce réellement le cas ?

Cruauté cachée, ou les dommages collatéraux.

Spoiler alert, la réponse est non ! Cette cruauté cachée n’est pas liée aux matières premières en elles-mêmes mais plutôt à leurs conditions d’obtention.
Pour citer quelques exemples pas très joyeux, il y a l’exploitation de singes « entraînés » spécialement pour la récolte de noix de coco en Thaïlande. Une pratique de maltraitance et d’esclavagisme où les singes, des macaques à queue de cochon (espèce classée vulnérable), enlevés de leur milieu naturel et munis de colliers métalliques et enchaînés, sont forcés de grimper aux arbres pour faire tomber les précieux fruits [1]. Des noix de coco, mais à quel prix ?

Un autre exemple bien parlant est bien évidemment l’huile de palme et ses dérivés. Cet ingrédient est très présent dans le secteur cosmétique et alimentaire sous de multiples noms, les exemples les plus parlants étant ceux contenant le préfixe « Palm » comme le Sodium Palmate, Isostearyl palmitate, Palmitate d'Isopropyl… mais la liste est longue !
Alors oui, c’est certes naturel et ça ne provient pas d’animaux mais l’huile de palme implique une déforestation massive qui elle, a un réel impact sur la faune qui y réside. En effet, celle-ci provient de plantations majoritairement situées en Indonésie et Malaisie [2]. Le fait que la matière première vienne de l’étranger a un impact important sur son prix, ce qui fait de l’huile de palme un ingrédient peu cher que l’on retrouve partout. Ainsi pour répondre à une demande toujours plus importante, les forêts sont décimées au profit de plantations de palmiers et au détriment d’orangs-outans affamés et privés de leur habitat naturel.

L'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) fait une prédiction alarmante et projette une déclinaison de 82% de la population d’orangs-outans d’ici 4 ans [2]. En plus des orangs-outans, il n’y a pas moins de 193 autres espèces animales en danger à cause de l’huile de palme [3].

Si le produit cosmétique en question est végan et qu’il ne contient pas d’huile de palme, est-il sans cruauté ?

Hélas, l’huile de palme et l’huile de coco ne sont que deux exemples parmi tant d’autres. Outre les ingrédients, un problème réside aussi dans les packagings. La réponse est donc toujours non, à cause du plastique des packagings cosmétiques.

D’après la FEBEA (Fédération des Entreprises de la Beauté) : “La cosmétique représente 5 % des emballages plastiques en France, soit environ 55.000 tonnes” [4]. Et vous savez où se retrouve tout ce plastique ? Dans les océans. Il y a même un grand amas de milliards de déchets plastiques dans l’Océan Pacifique que l’on appelle le “7ème continent”.

Entre les oiseaux et autres animaux marins qui ingèrent du plastique et s’étouffent avec, ainsi que la pollution aux microplastiques, la liste de conséquences néfastes pour la faune et la flore est particulièrement longue.

Et le plastique recyclé dans tout ça ?

Les packagings en plastique recyclé c’est bien (ou moins pire) et les éco-recharges ça parait top, mais en fait non. Observez bien les éco-recharges sur le marché, avec quel matériau sont-elles fabriquées ? Avec du plastique. Par ailleurs, le plastique n’est pas recyclable à l’infini mais seulement 2 ou 3 fois, du fait que celui-ci perde ses qualités au fil des cycles de recyclage jusqu’à devenir inutilisable.
Et encore, tous les plastiques ne sont pas recyclables à cause de leur composition chimique (par exemple un produit composé de plusieurs types de plastiques différents). On ne fait donc que retarder l’inéluctable de quelques mois : l’incinération ou le rejet dans les océans.

Comment bannir la cruauté de ma cosmétique ?

Pour agir et continuer à prendre soin de soi avec des produits cosmétiques qui respectent les animaux et l’environnement, voici quelques conseils :

Vérifier que la marque en question ne propose que des produits végans. Par exemple une marque végane créée par une personne qui ne l’est pas, ou par une entreprise qui vend aussi des produits cosmétiques conventionnels (avec des ingrédients d’origine animale et/ou synthétiques), peut être considérée comme une marque opportuniste. Ce manque d’authenticité et d’engagement dessert même la cause.

Vérifier que les produits de la marque en question ne sont pas vendus dans les pays où les tests sur les animaux sont encore obligatoires. Une marque dite « sans cruauté » en France, n’est pas forcément sans cruauté dans le reste du monde.

Vérifier que le contenant est en verre ou en aluminium : les deux seules matières qui se recyclent à l’infini et qui peuvent même être consignées pour mettre fin aux déchets.

Vérifier que la marque en question prenne soin de l’environnement et des endroits sauvages. Pour cela, n’hésitez pas à vous renseigner sur les engagements de la marque et vérifier la cohérence entre le discours et les produits.

En bref…

Comme démontré, un produit cosmétique végan dans du plastique n’est pas sans cruauté pour les animaux. Même si cette cruauté ne saute pas forcément aux yeux au premier abord, elle est bien là, cachée dans des ingrédients naturels mais à l’impact environnemental catastrophique ou bien dans des pots et flacons en plastique.
La solution : privilégier des cosmétiques végans dans des contenants en verre et en aluminium (matières recyclables à l’infini contrairement au plastique) ou des produits solides (attention toutefois à la composition qui peut révéler de mauvaises surprises comme le Sodium Cocoyl Isethionate). Vous pourrez ainsi prendre soin de vous, mais aussi de notre planète et des animaux, qui vous diront merci !

Désormais, vous savez tout sur la cruauté animale, ou presque. Puisque, aux dernières nouvelles, nous sommes des animaux non ? Et si la cosmétique naturelle, végane, sans cruauté et sans plastique n’était en réalité pas forcément sans cruauté pour les humains ? À suivre…

Sources :
[1] https://www.petafrance.com/agir/des-singes-enchaines-ont-ils-cueilli-vos-noix-de-coco/
[2] https://www.nationalgeographic.fr/animaux/indonesie-lhuile-de-palme-condamne-les-orangs-outans-lextinction
[3] https://www.iucn.org/resources/issues-briefs/palm-oil-and-biodiversity
[4] https://www.lesechos.fr/industrie-services/mode-luxe/le-secteur-des-cosmetiques-lance-son-plastic-act-1326688